En ce mois de Novembre nous venons de commémorer le déclenchement de notre Révolution du 1er Novembre 1954.

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Comme chaque année nous avons mis en exergue le sacrifice et l’abnégation de nos valeureux combattants qui ont donné leur vie, leur jeunesse et leur santé pour que l’Algérie puisse vivre libre. Nous avons mis également l’accent sur les millions de martyrs et sur un peuple qui a soutenu cette Révolution.

Ce peuple en son entier s’est sacrifié pour que cette nation devienne une réalité et que son emblème puisse flotter à travers le monde.

Ce peuple pris en terme générique est, en fait, composé de femmes et  d’hommes qui ont œuvré et aidé dans la mesure de leurs moyens à la réussite de cette révolution.

Les « Sans-noms »

Plus de cinquante ans après nous n’avons toujours pas de festivités, d’expositions, de réalisations culturelles et télévisuelles rendant hommage à ces « sans-noms » qui, pour beaucoup d’entre eux et plus particulièrement les Femmes, n’ont pas fait établir d’attestation communale d’activité révolutionnaire  pour avoir considéré que leurs actions avaient été faites, non pour un quelconque avantage matériel, mais uniquement pour qu’un jour, leur rêve devienne  réalité.

Aujourd’hui, nous avons à notre disposition et  en profitons tout en en demandant toujours plus, des  biens et du matériel d’une société de consommation parce que  l’Algérie est en possession de pétrodollars, il serait donc souhaitable de temps à autre de revisiter notre passé récent et de voir le chemin parcouru puis de rendre hommage à ces hommes et ces femmes qui ont permis ce résultat.

Peut être que cet oubli, est dû à l’information (incendie accidentel des archives de la RTA), au silence de notre enseignement sur cette période de l’histoire ou à l’ignorance de certains responsables de la Révolution qui, en 1962, arrivaient des quatre coins du monde ( Château d’Aulnoy, Maroc, Tunisie, d’Egypte, Damas, Bagdad, Genève, des Ex Pays de l’Europe de l’Est Etc. …) qui lors de l’été de notre Indépendance, pour certains d’entre eux, découvraient l’Algérie, sa capitale et sa banlieue. Certes, ils avaient eu connaissance des sacrifices de la population algérienne durant les huit années de guerre, mais n’avaient pas vécu dans leur chair, la faim, la vie dans un camp de regroupement au sein des zones interdites, les brimades, les viols et les tortures. Ils n’avaient pas ressenti chaque jour les coups de crosse de fusils sur leurs côtes ni le racisme et les vexations.

Les documentaires de guerre que nous visionnons périodiquement sur nos chaines de télévision sont le plus souvent consacrés à la guerre proprement dite et finissent le plus souvent au départ massif des  « Pieds Noirs et de l’armée coloniale ».

Les expositions de photos organisées par les services culturels sont exclusivement remplies de photos de Moudjahidines (Combattants) dans les maquis et les camps d’entrainements tant au Maroc qu’en Tunisie comme celle présentée au musée de la rue Larbi- Ben- Mehidi à Alger.

Les armes cachées sous les caisses de dattes.

Mais qui va se rappeler du docker et du manutentionnaire portant sur son dos une caisse de dattes en sachant fort bien, que sous la première couche de dattes, la caisse était remplie de munitions ? qui se rappellera de ce camionneur transportant des chaussures et des vêtements d’enfants à l’occasion d’une rentrée scolaire sachant qu’il transportait des pataugas et des vêtements pour les combattants et qu’il devait livrer son chargement à plus de 200Km en rencontrant sur son chemin des barrages militaires

La mère qui transportait une arme dans son panier.

Ces  mères de famille, qui au péril de leur vie transportaient au fond de leur panier rempli de légumes l’arme qui venait de servir à un combattant pour commettre un attentat ou bien cette veille femme qui faisait des centaines de kilomètres pour ne pas être reconnue pour s’alimenter en montres pour hommes et les apporter à nos combattants à l’intérieur des zones interdites. Qui connaitra ces actes de bravoure anonymes

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Où se trouve les photos des lieux ayants une valeur historique tels que le four à chaux de Guelma des massacres de 1945 ou bien le café « La rascasse » du premier attentat de notre héros de la Bataille d’Alger « Ali la Pointe » au bastion central d’Alger ou bien le restaurant universitaire Franco-Musulman du boulevard Saint-Germain à Paris lieu où s’est préparé la grève des étudiants  puisque ces sites ont été détruits et n’existent plus. Bien plus, beaucoup d’entre eux ont disparus sans nous léguer leur mémoires oubliés par la grande histoire.

C’est pourquoi, nous nous devons, munies de notre téléphone, de notre appareil de photos et de notre ordinateur, rencontrer les personnes âgées de nos familles et leurs proches amis qui, souvent, ont prés de 70 ans et plus,  pour les solliciter de nous livrer leurs souvenirs et les enregistrer, chacun avec son vocabulaire et sa propre vision parcellaire  de notre Révolution car ce sont des mémoires vivantes  qui  nous permettront,  un jour, d’en parler à nos enfants et remplir le vide laissé par notre enseignement scolaire.

Les femmes, ces grandes silencieuses, renfermées et repliées sur elles mêmes qui, par éducation et par politesse, laissent souvent les hommes de la famille évoquer cette période ont également le devoir  de nous donner leur vision de la guerre, de nous parler de l’entraide des femmes préparant la nourriture  des combattants, les nuits de guet Etc., et surtout, nous raconter les lendemains de notre indépendance afin que nous puissions comprendre  le chemin parcouru.

Que sont devenus toutes ces femmes, femmes pour la plupart au foyer, ne sortant dans la rue que voilée avec le visage caché par une voilette qui ont suivi et appliqué dans les faits l’appel des autorités, en brulant symboliquement leur voile sur la place des Martyrs à Alger et  ont participé aux cotés des hommes à la reconstruction du pays en rejoignant le monde du travail tout en s’occupant de leurs enfants et de leur foyer.

Il faut savoir, qu’à l’indépendance, lors du départ massif des « Pieds Noirs » qui s’est déroulé en quelques jours, les infrastructures et les administrations algériennes  se sont trouvées vidées et l’Algérie se devait d’y faire face, car la vie continuait. Il fallait des dactylos, des employées de bureaux, des infirmières, des sages  femmes Etc. en fait, tous les corps de métiers étaient sollicités et plus particulièrement  les enseignantes car la première rentrée scolaire était toute proche.

C’est ainsi qu’il a été fait appel à l’ensemble de la population féminine pour participer à l’effort de construction, car l’Algérie pouvait financer des infrastructures, des usines, des hôpitaux, des avions, des navires Etc. mais manquait cruellement de professionnels, de techniciens  de tous bords. C’est ainsi que les femmes, nos mères et nos grands-mères ont participé activement à la construction et au développement de notre pays.

Aussi à ce jour, que sont-elles devenues ? Toute ces enseignantes formées sur le tas, ces sages femmes, les infirmières, les laborantines, les speakerines de la radiotélévision, les femmes qui ont rejoint la carrière militaire ou les services de police  et celles qui  sont devenues des pilotes de Boeing Etc.

Ces femmes, approchent aujourd’hui un âge vénérable  quand elles n’ont pas disparues.

Il est donc nécessaire de leur rendre hommage et de réparer l’oubli des années. Nous ne pouvons ignorer leurs exemples et leurs sacrifices car, sans ce relais de génération, de persévérance, d’abnégation et cette soif de liberté et la volonté de réussite où serions  nous ? Nous les Femmes !   

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