El hayek était le voile traditionnel de la femme Algérienne, à travers tout le territoire.

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Photographe : saadou Taleb Bendiab

Nos mères, nos grands-mères et leurs aïeules avant elles, portaient el Hayek (ou Haïk), et ne sortaient pas de la maison sans être couvertes de leur grande étole tissée en laine et soie ou en pure soie. Des hayeks dont l’entière fabrication était Algérienne. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, nous avions des serriculteurs, des vers à soie, et des artisans algériens maîtres dans l’art du tissage. L’3jar (laadjar), complément nécessaire de l’hayek algérois était alors orné de fines broderies.

Les Algériennes avaient l’art de le porter, des gestes précis et maitrisés issus d’une tradition séculaire, leurs permettaient de l’entourer autour du corps.

Cet habit ancestral Algérien dont des traces apparaissent déjà au 16eme siècle a laissé sa place aux djellabas (marocaines) et autres formes de voiles dits « plus mastourines » (plus couvrants)

Alger, Tlemcen, Nedroma, pour ne citer que ces villes étaient connues pour el Hayek marma (en pure soie). Dans l’oranie, l’usage était au hayek bou3wina (ne laissant apparaitre qu’un œil), alors que du côté de Constantine la Mlaya qui était de couleur crème avant est devenue noire, en signe de deuil lors de la mort de Saleh Bey en 1792.

Durant la guerre de libération, le Haïk a servi au transport des armes, en général les femmes n’étaient pas fouillées, ce qui leur permettait de transporter des armes sous leur hayek ou dans leurs couffins. Combien d’hommes de la résistance se sont couverts du haïk pour se faufiler dans les rues de la Casbah.

Au lendemain de l’indépendance, le premier chef de l’Etat de l’Algérie indépendante, au cours d’un discours prononcé sur la place des martyrs à Alger, a demandé aux femmes de bruler leurs haïk pour   travailler et aider à la reconstruction du pays, et aux hommes de se débarrasser des boites de cirage, pour que plus aucun algérien ne se mette à genoux devant un autre homme.

A partir des années 70, les femmes portaient de moins en moins le hayek qui a totalement disparu dans les années 90, avec l’arrivée du Hijab considéré comme plus couvrant et du nikab, d’essence wahabiste.

Depuis quelques années, la résurgence identitaire aidant, liée directement au retour de la paix sociale, apparaissent un certain nombre de manifestations dans le but de rappeler les traditions propres à l’Algérie, afin qu’elles persistent pour certaines et qu’elles renaissent pour d’autres.

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C’est en ce sens, qu’en 2009, un groupe facebook s’est formé, appelant à réhabiliter le Hayek. Un groupe créé par Madame Ismahane Ouaret, qui a voulu à travers ce groupe, faire connaitre et surtout défendre les traditions Algériennes. Depuis 2011, une « miss Hayek » est élue, une manière innovante de faire sortir le Hayek des oubliettes où il se trouvait jusque-là.

Ismahane Ouaret, la créatrice et responsable de l’élection « Miss Hayek », a accepté de nous expliquer sa démarche,  et de nous donner tous les détails de l’événement.

Madame Ismahane Ouaret, à votre avis que représente le Hayek pour la femme Algérienne ?

–          Le Hayek est avant tout, un patrimoine arabo-amazigho-musulman, qui se  définit comme un habit de protection et de sécurisation pour la femme algérienne, symbole d’élégance et de féminité, lui réservant toutes les libertés

Quel était le but de votre démarche en créant cette élection de « miss Hayek » ?

–          Par cette action, nous voulons redonner au Hayek sa vraie place et en finir avec ces stéréotypes  qui le caractérisent de décadent, de régressif  au point de le substituer à un autre vêtement paraissant plus authentique au regard de ceux et de celles qui refusent à s’identifier à leur authenticité.

Il s’agit-là de la Troisième édition de l’élection « miss hayek », comment en êtes-vous arrivée là ?

–           Le 8 Mars 2009, à l’occasion de la journée de la femme, j’ai organisé « la journée du hayek »

Le succès n’a pas été tout de suite au Rendez-vous, les jeunes n’étaient pas encore sensibilisés à la cause. Il fallait donc mener des actions plus modernes, novatrices et contemporaines, c’est ainsi qu’est née « Miss Hayek ». J’ai été aidée dans mon action par mon frère Ilyas Rostane,  ma sœur Ilyam ROSTANE,  et Monsieur Hicham Baba Ahmed afin de mener à bien notre mission.

Cela nous a permis en  2011, d’organiser la première édition  de l’élection « miss Hayek », qui a d’ailleurs été remportée par Mademoiselle Ismahane Tabet Aoul. En 2012, le titre a été remporté par Mademoiselle Yasmin Kazi Tani.

Nous avons reçu de nombreuses participations, et des photographes pleins de talent se sont pris au jeu et nous ont éblouis par leurs Travail. Je voudrais citer Houari Bouchnak, Ismahane Tabet Aoul, Sadou Taleb Bendiab, Arsalane Bestaoui, Amine Hafhaf, Abla Krim, Faye Lafaille

 –          Nous avons,  pour la troisième « édition 2013 » crée un site internet https://www.miss-hayek.com et déposé des droits d’auteur avec l’aide de notre Webmaster Amine Vinagré un ami touché par notre travail et sensible à nos traditions. Il nous a fallu plus de 8 mois pour le mettre sur pied. Je vous invite à le visiter afin d’apprécier notre travail et celui des photographes des éditions précédentes.

Comment participer à l’élection « miss hayek » ?

–          Vous avez jusqu’au 31 Aout 2013, pour envoyer votre participation, via un formulaire spécialement créé à cet effet, et qui se trouve sur notre site.

Le principe :  «  un appareil à photo, un modèle et un hayek » il vous sera possible de gagner un très joli Hayek brodé à votre nom si vous êtes le modèle et un chèque de 10 000 Dinars pour encourager les photographes…

Mais n’oubliez pas, notre véritable gagnant est notre Hayek. Il doit retrouver ses repères identitaires et notre devoir est de l’inscrire en tant que patrimoine nationale à l’UNESCO.

Le Hayek protège nos femmes et c’est à nous de protéger le Hayek pour la protection de notre patrimoine.

Redynamiser ce vêtement historique, sans oublier l’aspect économique et commercial pour déclencher le moteur de l’artisanat en Algérie, une richesse réappropriée de notre patrimoine.

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Photographe : Faye la faille

Soyez nombreuses et nombreux à participer 😉

 

2 Commentaires

  1. Je dis bravo pour cette initiative concernant le Haïk…en effet c’était un des habit qui faisait partie de notre patrimoine et de notre culture en générale…Aujourd’hui hélas la belle femme algérienne avec son haïk n’éxiste plus, elle a été remplacé par toutes sortes de femmes s’identifiant au wahabisme, a l’afganisme, au émirats et aussi à n’importe quoi sauf a des algériennes…tout est noir, le nikab,le hijab,la bourka…etc…nos codes vestimentaires ont disparus, y compris pour les hommes également….même notre télévision, nos acteurs, notre administration ont perdu ce qui a fait notre fierté en ce qui concerne le HAïk…ya hasrah zmen…l’algérien perd de plus en plus de son âme sauf quand il s’agit d’argent, de corruption de chkara et tchipa…je souhaite que ce Haïk soit remis a sa place et que nos femmes puissent le porter un jour

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