Des troubles graves touchant la région du Mzab et plus particulièrement  Ghardaïa ont éclaté ces derniers jours.

Ces troubles ont porté atteinte à  la communauté Ibadite qui a subi des atteintes tant à la personne qu’aux biens. Il y a eu  des violences à coups de barres de fer, de jets de pierres et des locaux commerciaux ont été brulés et saccagés par des inconnus.

Les services de police sont intervenus à coup de grenades lacrymogènes pour protéger la population de ces assaillants, souvent cagoulés.

Des représentants de la communauté mozabite  ont relayé ces images par le biais de réseaux sociaux  en lançant des appels à l’aide.

Nous ne pouvons que nous interroger sur la finalité de ces faits et les buts recherchés qui sont par eux même graves et qui touchent une population accueillante  dans une région  touristique connue entre autres pour son urbanisme, ses palmerais et sa fête annuelle du tapis. Il faut dire par ailleurs que cette région et sa population autochtone à su sauvegarder ses us et coutumes ainsi que ses particularités linguistiques et culturelles.

 Aussi, nous ne pouvons que penser à une certaine pratique du colonialisme. Car nous avons vu, au fil des siècles, le colonialisme évoluer et s’adapter au vent de l’histoire.

Depuis la recherche d’échanges commerciaux par la création de comptoirs marchands sur des entités territoriales  mis à leur disposition, puis par le biais  d’explorateurs qui faisaient  annexer par leur État, une région du monde en la traversant uniquement et enfin par une guerre coloniale entrainant une occupation militaire pour asservir sa population, la réduire en esclavage, malléable et serviable, tout  en s’accaparant de ses richesses minières.

Après la guerre d’Indochine, d’Algérie, du Vietnam, et de toutes les guerres de décolonisation à travers le monde, nous avons cru que le colonialisme avait été vaincu et que nous ne reverrions plus de troupes expéditionnaires se faire parachuter ou débarquer à travers le monde.

Avec la deuxième guerre mondiale, la création de l’Organisation des Nations Unies, l’adoption de la Convention Internationale des Droits de l’Homme et de toutes les Conventions connexes  un semblant de stabilité commençait à poindre en dépit de la guerre froide et des guerres régionales.

Le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la décolonisation et celui de la non immixtion dans les affaires intérieures d’un État assuraient  une certaine stabilité. Les États et les populations n’avaient plus qu’à  se préserver  du néocolonialisme économique et culturel.

Aujourd’hui, le colonialisme pur et dur, avec ses troupes expéditionnaires, ses avions et ses parachutistes est en train de renaitre de ses cendres avec des projets de modifications de  frontières  et de créations de nouveaux États ou d’autonomies régionales eu égard à certaines populations et surtout à la richesse énergétique de leur sous sol (uranium, pétrole, or, diamant, terre rare etc…)

Au nom de la Démocratie, de leur propre vision philosophique du monde, de leur mode de vie et du devoir d’ingérence humanitaire qu’ils viennent de créer, certains États, tenants du colonialisme, ont repris leur volonté d’hégémonie.

Par machiavélisme, dans la droite ligne du partage du monde en zones d’influence entre  grandes puissances,  ils prônent, chacun en ce qui le concerne, sa vision de la démocratie, le devoir de l’exporter et de  la mettre en application dans certains États, et ce,  par personnes interposées avec  pour finalité  l’accaparement du pays.

Pour ce faire, dans un premier temps, dans le pays préalablement choisi  et au regard de leurs critères, ils commencent à aider discrètement  le mécontentement populaire d’une couche de la population ou bien d’une minorité  quelle qu’elle  soit en faisant naitre de toute pièce un litige en utilisant les différences religieuses, linguistiques, ethniques et celles  liées entre autres au chômage régional… etc. 

Quand le mécontentement prend forme et s’étend, s’ensuit une aide matérielle et technique  (conseillers, argent, armes, matériel de communication et de propagande Etc.…)  le groupuscule  enfin gagné à leurs idées, bénéficie ainsi d’une résonance internationale par des campagnes médiatiques et d’une reconnaissance internationale afin de favoriser un clivage sociétal  et d’ arriver à des troubles intérieurs provoquant  des émeutes et enfin une guerre civile.

C’est à ce moment là, lorsque le fruit est mûr que sort alors du «  sac à malices » l’application du principe encore très contesté du devoir d’ingérence humanitaire, appelé récemment « La Responsabilité de Protéger » pour demander au Conseil de Sécurité des Nations Unies la mise en place d’une force d’interposition noyautée et souvent dirigée par l’ancien colonisateur qui met à la disposition de cette force  des troupes aéroportées, des avions et des bateaux  ainsi que des munitions  à la charge des Nations Unies qui assumeront  tous les frais de l’opération y compris les salaires et les frais d’intendance.   

C’est ainsi que, sorti du pays au titre de la guerre de décolonisation,  l’ancien colonisateur revient par la grande porte avec une nouvelle virginité en pacificateur qui ramène  dans ses bagages la Paix et l’amour entre les citoyens sans oublier bien-sur des dirigeants  choisis et adoubés par eux.

La prise en main est alors  faite et l’ancien colonisateur pourra se réapproprier les richesses du pays en toute légalité et installer ses multinationales en imposant des contrats d’adjudications mirifiques.

Lorsque la stratégie envisagée et mise en application sur le terrain échoue, le pays visé par cette déstabilisation ayant eu des dirigeants et une population, politisés et profondément  nationalistes  opposés à toute idée de division territoriale, le colonisateur, garde par devers lui, son projet quitte à laisser passer une génération en visant une nouvelle couche de population jeune qui n’aura pas  connue les affres de l’occupation territoriale, le ressenti de l’occupation de son pays par une armée étrangère  ainsi que le racisme. 

Toujours avec la même finalité, l’ex colonisateur ou le postulant utilise le sourire et l’image de « Tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil ! ».

C’est alors, que fleurissent  dans  la presse nationale des communiqués émanant d’États représentés dans le pays qui offrent  des séjours, des stages  d’une semaine à une année  à des jeunes hommes et femmes  de 20 à 26 ans. Ces stages ont officiellement pour but la découverte et la connaissance de ces pays, leur culture, leurs institutions et leur vision de la démocratie.

L’attribution de ces séjours, avec billet d’avion gratuit, visa attribué gracieusement, la  prise en charge totale avec une bourse, est soumise à des critères sélectifs stricts et des entretiens préalables dans l’enceinte de ces représentations diplomatiques touchant non seulement au niveau universitaire du postulant mais surtout à sa personnalité et à ses capacités  charismatiques.

Il ne faudra pas alors, dans l’avenir,  venir déclarer d’une façon grave et  sentencieuse qu’il était dangereux de se laisser bercer par le chant des sirènes car, derrière les sourires de façade, l’esprit colonial préexiste toujours pour se ré-accaparer des richesses du sous-sol, des marchés en expansion et maintenir envers et contre tout une présence  géostratégique.  

                                                                                                              Bnat  El Djazayer

 

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